L’avortement clandestin, les femmes paient le prix fort

Article : L’avortement clandestin, les femmes paient le prix fort
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3 octobre 2019

L’avortement clandestin, les femmes paient le prix fort

Le 28 septembre dernier, le monde entier a commémoré la journée internationale du droit à l’avortement sécurisé. Cette journée a été passée sous silence, car l’avortement est un sujet tabou. En Côte d’Ivoire, ce droit est loin d’être un acquis. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée que pour sauver la vie de la femme. 

Ainsi, du fait de la condamnation sociale et juridique de l’avortement, de nombreuses femmes ont recours à l’avortement clandestin, une pratique dangereuse qui n’est pas sans conséquence sur leur santé et leur vie.

Attention, dans les histoires qui suivent, il est question de graves problèmes médicaux, de viol et de mort. Les récits sont très crus. Si vous êtes sensibles à ces sujets, nous vous conseillons d’arrêter votre lecture ici.

Sophie, 40 ans, est devenue stérile 

À 20 ans, Sophie a été victime d’un viol à la suite duquel elle est tombée enceinte. Voulant garder son malheur secret, elle a décidé de se faire avorter, elle-même, à l’aide d’une tige qu’elle a introduit dans son sexe. 24 heures après avoir placé cette tige dans sa partie intime, Sophie a commencé à saigner abondamment. Après de longues heures de saignement, devenu faible, elle a été retrouvée évanouie dans sa chambre. Évacuée en urgence dans une clinique privée, elle a failli y laisser la vie. D’après le médecin, si elle n’était pas arrivée 30 minutes plus tôt, elle serait morte. Après ce sombre épisode de sa vie, la jeune dame rencontre des problèmes de fertilité. Âgée aujourd’hui de 40 ans, Sophie n’a toujours pas pu combler son désir d’être mère. 

Rita a perdu la vie 

Rita était une jeune femme âgée de 35 ans. Elle avait déjà une fille de 10 ans et espérait revivre avec le père, qu’elle avait perdu de vue depuis que sa fille avait 2 ans. L’homme serait parti en Europe. Dans l’attente du père de sa fille, Ncho Rita, va contracter une grossesse avec Issiaka, un jeune homme qu’elle a connu au cours d’une veillée funèbre. Après cette nuit, Ncho Rita n’a plus jamais revu Issiaka. Elle décide alors de faire passer la grossesse de 4 mois et demi.

Rita va utiliser des comprimés qu’elle a achetés à un vendeur de médicaments de rue dans son quartier. Elle prend ces comprimés et quelques heures plus tard, elle a commence à saigner abondamment, comme lui a expliqué son vendeur. Elle se dit alors que l’opération a réussi. Mais deux semaines plus tard, elle constate qu’elle sent mauvais. De l’eau puante coule dans sa partie intime. Elle se rend compte que cela peut être la conséquence des comprimés qu’elle a avalés pour faire passer la grossesse. Ne voulant pas que ses parents le sachent, elle se rend dans une petite clinique privée de son quartier.  Rita, une fois là-bas, ne retournera plus jamais chez elle. Elle meurt au moment où l’agent de santé est en train de faire le lavement de son ventre.

Kady a perdu une trompe

Kady, une jeune dame âgée de 30 ans, n’a pas eu de chance en amour. Sa vie de couple bascule un matin, quand son homme décide de la quitter pour une autre, en lui laissant la charge de leur 3 enfants. Couturière, elle réussissait tant bien que mal à subvenir aux besoins de ses enfants, jusqu’à ce qu’elle décide de se mettre en couple avec Léo. Un homme qui lui avait caché qu’il était marié. Elle tombe enceinte et découvre plus tard l’existence de la femme et des enfants de Léo. Exaspérée, elle décide de mettre un terme à sa grossesse de 2 mois. 

Elle se procure des médicaments de la rue pour interrompre cette grossesse. La première tentative échoue. Elle essaie une deuxième fois, c’est également un échec. Et c’est là que tout se complique. On doit l’évacuer à l’hôpital. Vu la gravité de son état, on doit l’opérer. Une trompe a été touchée. Aujourd’hui, elle se retrouve avec une seule trompe. 

Comme on peut voir à travers ces récits, l’interdiction de l’avortement ne limite pas pour autant leur nombre. Il est plus qu’urgent d’ouvrir le débat et de trouver d’autres alternatives pour contenir ce fléau.

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