Femme battue, quelle misère !

Article : Femme battue, quelle misère !
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3 mars 2020

Femme battue, quelle misère !

Le mariage se conjugue pour le meilleur et pour le pire.

Mais que faire quand le pire absorbe le meilleur ?

Quand l’expression de la négation conjugale s’érige en règle maximale dans un couple ?

Précisément quand une femme est battue, au quotidien, par son conjoint ou son époux ?

Les positions divergent sur la question dans la société africaine où la violence conjugale est encore un sujet tabou, où, au nom du mariage, des épouses doivent accepter les brimades et les humiliations de leurs conjoints.

Avec un taux d’homicides conjugaux/familiaux de 3,1 pour 100 000 femmes, l’Afrique est la région du monde où les femmes ont le plus de risques de se faire tuer par un partenaire intime ou un membre de la famille.

En effet, dans la société africaine, la banalisation de la violence domestique se résume en ces mots : «Un homme ne frappe pas sa femme, il la corrige ! ».

Elle est bien ancrée dans nos mœurs, cette règle générale qui stipule que ‘’la vraie femme africaine’’ se doit de supporter la douleur en toutes circonstances et de rester dans le foyer malgré les blessures, psychologiques et physiques.

Les violences exercées par les partenaires intimes continuent parce qu’elles sont tolérées. Très peu de femmes osent dénoncer les actes de violences dont elles sont victimes. Elles sont empêchées et dissuadées par les parents et proches de saisir la justice pour faire entendre leur cause. La quasi-totalité des actes de violence demeure donc impunie.

« Dans les règlements à l’amiable, on ne cherche pas à soigner le traumatisme des victimes, mais plutôt à sauver l’honneur du coupable. Les familles doivent arrêter d’être les complices des coupables. Les amis et proches des victimes doivent arrêter d’être un frein sur le terrain de la justice avec les arrangements à l’amiable.» soutient Lamazone wassawaney, auteure du roman ‘’la candeur entachée’. Autrefois victime de violence conjugale, elle mène aujourd’hui un combat acharné contre les violences conjugales.

Briser un jour le cycle de la terreur

Photo: Makaveli

En Afrique, il faut réagir intelligemment face au paradoxe entre le respect de nos valeurs coutumières et la libération de la femme. Être en couple ne signifie en rien renoncer à ses droits.

L’étude menée par l’Organisation des Citoyennes pour la Promotion et la Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM) dans la capitale économique ivoirienne, révèle que 70 % de femmes subissent des violences conjugales ou des violences entre partenaires sexuels.

La Secrétaire Exécutive de l’Organisation des Citoyennes pour la Promotion et la Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM), Sylvia APATA, soutient, à cet effet, qu’il faut d’abord et avant tout déconstruire les stéréotypes qui contribuent à la minimisation de ces violences, voire à leur banalisation par les hommes, mais également par les femmes elles-mêmes.

Il faudrait par la suite :

1- L’adoption d’une Loi spécifique permettant de réprimer l’ensemble des violences faites aux femmes en général, et en particulier les violences conjugales, y compris les féminicides. Ce, conformément à la Recommandation N°30b du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard de la femme à l’issue du quatrième examen périodique de la Côte d’Ivoire.

2- La révision de l’article 403 alinéa 3 de la Loi n°2019-574 portant Code pénal en ce qu’il fait prévaloir une présomption de consentement des époux à l’acte sexuel en enjoignant à la victime d’apporter la preuve contraire en cas de viol. Une telle disposition est en effet de nature à nier le viol conjugal, pourtant réel dans les ménages, à dissuader les femmes victimes de saisir la justice et à remettre en cause leur parole. Nous le demandons conformément à la Recommandation N°30a du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard de la femme à l’issue du quatrième examen périodique de la Côte d’Ivoire.

3- Le renforcement de plus en plus des capacités des forces de défense et de sécurité notamment des policiers et gendarmes sur les questions de genre et de violences faites aux femmes, afin que les victimes de violences conjugales ne soient plus renvoyées des commissariats et gendarmeries comme cela continue d’être constaté sur le terrain.

4- La contribution à la prise de conscience des populations sur les conséquences néfastes des violences conjugales dans la vie des victimes (femmes et enfants du ménage) par l’organisation de campagnes de sensibilisation de masse et de proximité sur toute l’étendue du territoire national. Ce, en soutenant matériellement et financièrement les ONG de promotion et  de défense des droits des femmes travaillant sur la question.

5- La création d’un centre d’écoute et d’hébergement des victimes de violences conjugales à Abidjan.

Ce sont autant de résolutions que les autorités ivoiriennes pourraient rendre effectives lors de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

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